L'Auberge du Dernier Refuge
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
L'Auberge du Dernier Refuge

Taverne des joyeux lurons pour se déconnecter de la réalité un court moment, le plus long possible bien sur...
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

 

 Un Homme dans une étrange boutique.

Aller en bas 
AuteurMessage
FitzChevalerie
Magicien d'la chope
Magicien d'la chope
FitzChevalerie


Nombre de messages : 706
Age : 36
Localisation : Sprimont - Liège - Belgique - Europe - Terre - Univers
Date d'inscription : 01/06/2006

Un Homme dans une étrange boutique. Empty
MessageSujet: Un Homme dans une étrange boutique.   Un Homme dans une étrange boutique. EmptyVen 6 Avr - 16:30

Un Homme dans une étrange boutique.

Un homme dans une étrange boutique, où s'entassent les membres désarticulés d'êtres qui ne sont pas encore construits, un homme dans une boutique de mort, ou plutôt de non vie. L'homme, chauve, bedonnant, regarde autour de lui ces bras, ces jambes, ces torses et surtout ces visages qui semblent se tourner vers lui. Dans la vitrine du magasin se trouvent ceux qui se font vendre, ceux qui sont assemblés, parfois habillés, qui finiront dans une autre vitrine, portant d'autres vêtements, ou pour les plus petits, sur une étagère, dans une caisse, oubliés après un temps. Des enfants joueront avec eux, un moment, puis les rangeront, et ils feront serrer le coeur de ces mêmes enfants lorsqu'ils auront grandis, vingt ans plus tard, et ils regarderont avec nostalgie ces pantins qu'ils ont aimé, un moment.
Mais l'homme n'est pas là pour ça. Il n'a pas à être là, il ne veut que la caisse du magasin. Il enlève ses lunettes, car son visage est trempé de sueur. Pour lui, passer la grille derrière n'a pas été une mince affaire. Il sait qu'il devrait laisser tomber plus qu'une vingtaine de kilos pour atteindre un certain équilibre. Il sait aussi qu'il n'en fera rien, qu'il n'en a pas l'envie. C'est comme ça qu'il s'est retrouvé dans cette boutique, à essayer de trouver un peu d'argent, dans un magasin qui parait aussi misérable que lui. Il n'a jamais rien eu envie de faire, et il doit se débrouiller d'une ou l'autre façon. Et ce depuis vingt ans. Il se fait vieux pour ça, il sait qu'il ne pourra pas continuer longtemps à piller des magasins dans les quartiers pauvres. Un de ces jours, il se retrouvera face à un rottweiller montrant les dents, ou une alarme retentira, et dans les deux cas, il ne pourra pas s'échapper. Il frissonne à cette idée, même s'il ne connaît que peu de chose sur la prison, il en sait assez pour savoir qu'il n'a aucune envie de s'y retrouver.
Il prend une longue inspiration, au milieu de ces corps sans membres, de ces visages sans buste.
Dans son jeune temps, il n'était pas mauvais. Un des meilleurs pour rendre une serrure totalement inefficace. Il avait réussi un coup important chez un diamantaire d'Anvers. Personne n'avait jamais su qu'il était entré, qu'il avait volé une rivière de diamants puis s'était enfui. Et si quelque comptable avait vu dans ses chiffres une anomalie, il n'en avait rien dit, croyant à une erreur de sa part.
Un intrus dans une étrange boutique, où s'assemblent les membres désarticulés qui bientôt seront construits, un homme dans une boutique de morts.
Mais les années passant, ses exploits avaient été moins nombreux, il risquait de moins en moins, passant de bijouteries aux portefeuilles de ceux qu'il croisait dans le métro. Là aussi il était un des meilleurs. Il avait tant d'habileté dans les mains qu'il lui suffisait de froler le manteau de sa victime pour le délester de son portefeuille. Enfin... Ses yeux étaient aussi agiles que ses mains, il savait directement repérer cette bosse, cette boursouflure annonçant sa "prime de fin de mois", comme il l'appellait... Mais il y avait eu cet après midi, où ce blondinet avec son beau manteau l'avait senti. Pour la première fois de sa vie, une de ses victimes avait remarqué quelque chose, et il n'avait dû sa liberté qu'à sa vitesse de course, car si l'autre l'avait attrapé, et que la police avait effectué une descente chez lui, nul doute qu'il n'aurait pas revu librement le coucher du jour avant l'apocalypse. Pendant quelque temps, il avait arrêté les portefeuilles, craignant de n'être plus aussi bon qu'avant, privilégiant sa liberté. Mais il ne savait rien faire d'autre. Et il ne voulait rien faire d'autre. Surtout ça. Jamais au cours de sa vie il n'avait voulu faire le moindre effort, alors il s'était remis aux magasins... Plus les bijouteries, oh non, mais les magasins des quartiers miteux, toujours de nuit.
Et il était tombé en ce soir de septembre sur le magasin d'un fabricant de pantin, de modèle. Il ne savait pas exactement ce qu'il y trouverait quand il y était entré, mais il savait qu'il y dénicherait quelque chose.
Dans le noir de cette arrière boutique, il lui semble sentir un courant d'air contre sa nuque, mais la porte de derrière est toujours fermée lorsqu'il se retourne. Il regarde au centre de la pièce, y voit un médaillon et le ramasse sans même y avoir réfléchi. Lorsqu'il se relève, son regard croise des dizaines de visages, des yeux vides d'âme et des bouches sans parole. Ces visages semblent le regarder d'un oeil accusateur, et pour certains, haineux. Il lui semble alors que ce qu'il avait pris pour un courant d'air n'était autre qu'un murmure lui ordonnant de s'en aller. Il secoue la tête, se trouvant idiot, et essaye de reprendre le bon sens qui lui avait tant servi jusqu'à présent. Mais c'est celui-là même qui lui dicte de fuir. Les bras des pantins dispersés sur le sol se sont rapprochés de lui, et semblent l'encercler. Ridicule. Impossible. Ils sont inanimés. Mais... Le sont-ils? Et ces jambes qui avancent? Sont-elles aussi inanimées, n'est-ce là qu'un jeu de lumière? Ces bras qui rampent. Sur le sol. Qui atteignent ses pieds. Il veut se réveiller. Grimpent sur son torse, l'enserrent. Il ne peut plus bouger, ne voit plus que des rictus haineux venant des têtes sans vie. Lorsqu'une première main arrive à son cou, des doigts froids qui lui ouvrent la bouche, sa vue se trouble, et il n'entend plus guère que le sang qui bat dans ses tempes.
Un homme hors d'une étrange boutique, où vont et viennent les membres désarticulés d'êtres qui ne seront jamais construits, un chien renifle un corps à cent mètres de là, un homme mort, un diamant dans la gorge.
Revenir en haut Aller en bas
http://fitz557.blogspace.fr
 
Un Homme dans une étrange boutique.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» assasin, voleurs, et mages d'accord mais homme ou femme ?
» Le sang dans les tempes
» Dans quelle ville ont est ?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
L'Auberge du Dernier Refuge :: Lectures :: Textes-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser